écouter—la harpe


La notion d’écologie sonore telle que décrite par Robert Murray Schafer pousse à porter attention à nos environnements sonores, puisqu’ils nous informent sur la nature de ce qui nous entoure. Même les yeux fermés, le son procure une multitude d’informations sur l’identité de l’endroit où l’on se trouve : le vent qui passe par les branches entremêlées, les groupes de grillons, les chiens qui aboient. De même, l’industrialisation et la technologie s’entendent, particulièrement en contexte urbain : le crissement du train, le rythme du condo qui se bâtit, la radio du cycliste, l’avion qui étouffe la conversation.
Cette harpe est une invitation à s’arrêter pour écouter. Installée sur un arbre à l’une des entrées du Champ des Possibles, elle se joue par la force du vent. Lorsqu’il souffle, les cordes de la harpe vibrent, produisant un son étrange. Plus le vent est puissant, plus les cordes s’excitent : le son devient plus fort, aigu et dissonant.
Le vent est un élément du paysage qui me saisit lorsque je suis au Champ des Possibles. Les corridors créés par les chemins entre les bâtiments industriels créent une architecture fertile à l’apparition de grands courants d’air. En ouvrant mes oreilles, j’arrive à la constatation que le vent est une entité omniprésente de l’espace : à son contact tout s’active, tout bruit.